INTRODUCTION
De nombreux facteurs de changement pèsent aujourd’hui sur la fonction Ressources Humaines en entreprise : mondialisation des firmes, diversité sociale et culturelle, développement des rapprochements et alliances, management d’équipes virtuelles, développement du e-rh, souci de l’environnement, agences de notation, impact des ONG… Ceci appelle à une nouvelle vigilance, à de nouveaux outils et amène à devoir renforcer les capacités des femmes et des hommes incarnant cette fonction RH à agir sur l’organisation dans une dynamique de conduite du changement.
Qu'en pensent Philippe Pierre et Xavier Lacaze, deux hommes d’entreprise qui n’hésitent pas à en dépasser le « cadre traditionnel » pour enseigner ou produire de la recherche en sciences sociales ?
Tout au long de la semaine nous allons vous donner leurs réponses à un entretien croisé qui vise à dissocier deux démarches professionnelles, celles de coach et de formateur aux frontières parfois ténues. Trois questions, donc, inspirées par deux traditions, celle de la psychologie et celle de la sociologie appliquées au monde du travail et de l’entreprise.
Xavier LACAZE travaille pour un grand Groupe de transport pour la région Sud. Responsable de l’emploi, de la formation et de la gestion des carrières, il défend une posture de DRH préoccupé par les évolutions sociales et sociétales. Conscient qu’une entreprise ne peut pas obtenir de la performance sans prise en compte de la
réalité du corps social, il prône une approche globale et pragmatique de la GRH. Il pense que le regard porté sur la société permet d’appliquer des politiques de management (intégration des jeunes, parité, comportements individuels et collectifs…) adaptées en permanence à la « vraie vie ». Acteur au sein de l’entreprise, il considère celle-ci comme un sous-système d’un ensemble plus vaste. C’est pourquoi, au-delà de son métier, il participe à des groupes de réflexion (Association Nationale des Dirigeants et Cadres de la fonction Personnel), intervient en école de commerce, ou encore a écrit plusieurs articles. Il est aussi coach certifié, auteur de rubriques qu’il partage sur le net. Il accompagne des individus et des groupes, soucieux d’allier apports théoriques et engagements pratiques.
Philippe PIERRE, qui dirige le département international de la formation d’une des divisions opérationnelles d’une entreprise « mondialisée », est aussi sociologue au CNRS (Laboratoire Interdisciplinaire pour la Sociologie Economique) depuis plus de dix ans. Enseignant au sein de l’IEP de Paris, de l’EM Lyon et de HEC Bruxelles, il est l’auteur de plusieurs ouvrages et articles sur la mobilité internationale des cadres, le management interculturel et la sociologie de la mondialisation. Il défend la posture du sociologue « immergé », engagé dans l’action et pense qu’il est aujourd’hui possible de construire, en entreprise, une posture d’intervention critique et contributive à la fois. L’enjeu est de fonder une légitimité de cette sociologie dans l’action sur plusieurs « fronts » (l’entreprise, les lieux de production de recherche, les lieux d’enseignement initiaux ou continus…). Une sociologie qui serait celle de nouveaux professionnels dotés certes de compétences sociologiques en propre, mais ayant aussi pour ambition d’agir et de transformer le cours de la vie sociale. Tout simplement peut-être parce que « l’on ne change pas une société en restant à son écoute ». Et l’entreprise est bien une société, ou pour reprendre les termes de R. SAINSAULIEU, l’entreprise est une « affaire de société » !
Les commentaires récents