Par
Anne Marie FRAY, ESCEM
Tours-Poitiers :
12eme Université
de Printemps de l’audit social -
10
- 14 MAI
2010
Beyrouth &
Kaslik (Liban)
Audit
Social & Culture (s)
Messieurs et
mesdames les présidentes et présidents, messieurs et mesdames les Doyens, messieurs
et mesdames responsables d’associations et d’ONG, messieurs et mesdames
responsables d’organisations publiques et privées, chers collègues et amis de toutes cultures,
Les vices privés font-ils le bien
public : sur ce questionnement, nous avions commencé très fort les
journées sur l’audit social. Alors je ne sais pas si l’audit et ses acteurs ont
des vices, ou s’ils sont vertueux, mais je peux vous assurer qu’ils ont le souci du bien public
et surtout du bien commun et partagé.
Nous avons en effet vécu
ensemble 2 journées de moments forts : comment synthétiser les échanges,
les idées, les actions qui vont en découler ?
4 tables rondes, 17
ateliers, 2 symposiums, 4 pauses café, mais près de 45 animateurs et/ou
présidents de séance, + un nombre
impressionnant de présentations : chacun a joué un rôle dans cette
construction de la connaissance et ce partage d’expériences.
Puisque le thème porteur
choisi de ce colloque fut l’audit social et les cultures, et plus précisément
la diversité culturelle comme force de notre engagement commun, je vous propose
de mettre en perspective nos travaux sous trois axes : ce qui nous a
différencié dans nos spécificités, ce qui nous a rassemblé dans nos concepts et
nos valeurs, et enfin, l’apport à l’audit social de ces deux journées.
En premier lieu, nous
avons développé, ensemble, dans nos ateliers de travail, l’axe de ce qui nous permet de vivre
notre engagement dans la diversité à travers les spécifications
locales selon l’approche de la
contingence.
Nous avons donc
développé dans cet axe les thèmes suivants
Le thème des limites de l’uniformisation : Le discours managérial est en effet emprunt de conviction idéologique commune,
mais la notion de bienveillance, de performance, d’égalité, de solidarité,
de légitimité et même de discrimination
est différente suivant le contexte
du pays et le contexte de l’individu. Nous avons soulevé à ce propos les contradictions dans les
référentiels imposés par des multinationales dans des pays différents. Nous avons souligné l’importance des différences dans les calendriers, dans
le cadencement du temps, dans le juridique, dans les contrats, dans la liberté
d’association
Et nous avons conclu sur la nécessité d’un audit comparatif des dispositifs
publics
Le thème des critères de différenciations éventuelles : portant sur le temps, le rapport au travail, la distance
hiérarchique, l’orientation v/v de l’action, la projection vers l’avenir, le
lien entre espace public/espace privé, la gestion des conflits, la gestion de
l’incertitude et des risques
Nous avons abordé le thème des critères de différenciation présents
dans certaines cultures à travers les approches
cultuelles, l’instrumentalisation des religions versus l’approche laïque, c’est-à-dire
ouvrant sur la présence de toutes les religions mais les séparant de la chose publique d’état.
Nous avons mis en
évidence des recherches riches d’apport sur les modes de culture, la
responsabilité sociale, les valeurs et le style du dirigeant de PME dépassant
l’effet de taille, les différenciations sectorielles sur les pratiques RH, l’émergence
de leadership féminin pour le Sénégal, la responsabilité sociale au Maroc, le contexte
de la culture de prévention en Algérie, la méthodologie d’audit managériale et
culturelle préalable à un rachat en Tunisie, l’amélioration de la qualité du
pilotage social pour le Liban, Mais tout ne nous
différencie pas et d’autres questions se posent à partir de ce premier axe : la
différenciation par les cultures métier ne serait-elle pas une différenciation
à la fois horizontale par niveau et verticale par zone de métier et jusqu’à
quel point ? ; le mode économique a-t-il un rôle et nous pensons là à
l’économie sociale et à son développement ? ; quid des approches
différentes du pouvoir dans le dialogue si le résultat est une séquestration de patron que l’on soit en
France ou en Colombie ou ailleurs ?
A partir de ces
questions, nous avons donc développé,
ensemble, dans nos ateliers de travail,
ce qui nous permet de vivre notre engagement dans la diversité culturelle
à travers l’axe de ce qui nous rassemble dans une forme d’homogénéisation de nos questionnements plus que de nos pratiques.
Nous avons donc
développé dans cet axe les thèmes suivants
Nous nous sommes posé ensemble la question du développement du capitalisme
entre innovation et dysfonctionnement, et les réponses multiples et possibles qui
passent sans doute par une meilleure orientation euro-méditerranéenne.
Nous avons échangé sur les mutations et leurs conséquences sur des secteurs
porteurs de valeur ajoutée, mais pas forcément financière, comme le secteur
public. Nous avons interroge nos valeurs, et l’encadrement juridique de chacun des
pays ici présents sur des questionnements touchant la santé et la sécurité au
travail et le rôle des managers de proximité
Nous avons conclu sur l’importance de laisser aux individus la conduite des opérations dans leur
pays et dans leur culture dans les organisations multinationales, l’importance
de tenir compte des transformations des générations qui portent, fortement
ancrés, à la fois l’homogénéisation d‘un style de vie et la recherche de
reconnaissance de leurs spécificités. Nous nous sommes enrichis d’expériences
spécifiques comme le modèle des réseaux territoriaux d’organisation en France, ou le modèle des réseaux familiaux au
Liban, mais dans lesquels la gestion collective des
compétences repose sur le partage et la nécessité d’une culture commune aux
différents acteurs…
Enfin, et en
troisième axe, nous avons, ensemble, contribué à la mise en valeur du rôle de
l’audit social en en faisant à la fois un champ de réflexion et un levier
d’action Nous avons construit des
outils, utiles, qualifiables pour
le praticien et le chercheur en audit social : grille d’observation des
relations informelles, éléments de spécificité culturelle d’outils de
management et comparaison inter continent, processus de management des codes de
conduite, conseil sur la posture
de l’auditeur face aux personnes auditées, éthique et déontologie de l’auditeur,
méthodologie d’audit culturelNous avons repéré les limites de notre connaissance car entre
uniformisation et spécificités, les aspects culturels impactent le regard de
l’auditeur : -
limite des éléments mesurables et non mesurables
-
ou limite de la non comparabilité de certains
indicateurs a priori mesurables, due à des informations incomplètes ou
ambiguës, ou due à l’opacité des rapports.
Nous avons fait le lien entre audit social et RSE et souligné la fragilité de cet équilibre et de fait,
du positionnement du capital humain. Mais nous avons entendu également le désir
d’éthique profond mais refoulé des individus, et le rôle promis à l’audit
social et à l’auditeur dans une gestion systémique des irritants sociaux.
Enfin nous avons intégré ensemble le concept de
bienveillance dans l’audit social comme une attention portée vers l’autre, mettant
en évidence une confiance basée sur la protection de l’intérêt de l’autre, ainsi
qu’une appropriation positive des spécificités culturelles, et transcendant,
par ses différentes définitions, ces mêmes spécificités. Et nous avons laissé
la porte ouverte à d’autres regards.
Nous espérons ainsi, par ces trois axes, avoir fait progresser
les démarches, les outils et les pratiques. Mais ceci en tenant compte d’un
postulat absolu qui a marqué l’ouverture de ce colloque : il n’y a pas de
réussite d’organisation sans respect de l’engagement et sans respect des hommes.
Ceci nous a amené à souligner durant ces deux journées que l’audit social ne
peut se faire avec des outils
universels, mais bien avec contingence et adaptabilité Nous avons donc participé à la construction des moyens d’ancrage d’une GRH
appropriée dans les pratiques des entreprises et à son renouveau dans des
contextes culturels différents
Enfin, nous avons travaillé pour ouvrir la notion de culture nationale, sectorielle,
organisationnelle, l’amener
au concept d’hybridation vertueuse et leader, cher au Professeur Peretti, et
identifier l’audit comme étant au service de cette construction culturelle d’où
nous sommes tous, à la fois, issus et porteurs …..
Merci à tous et toutes pour la qualité des travaux présentés qui ont permis
d’ouvrir ces perspectives et à l’année prochaine…..
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