Mireille Fesser, intervenante dans des programmes de ressources humaines de l'ESSEC Management Education, présente son dernier ouvrage, co-écrit avec Arnaud Pellissier-Tanon.
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Ce que j’aime avant tout dans ce livre ce sont les mots simples, les noms communs riches de sens pour définir par exemple la notion de potentiel : « …l’intelligence, l’habileté et la sagesse qui permettent de développer des compétences nouvelles, d’un degré supérieur », un zeste de bon sens et tout est dit !
Ce sont aussi toutes les valeurs d’humilité, de modestie, de courage, de liberté d’esprit, d’exemplarité, de confiance,… bref des valeurs humaines qu’il serait pertinent d’expérimenter dans le monde de l’entreprise en cette période de quête de sens … A noter qu’il s’agit de valeurs indispensables pour aider les enfants à grandir, pourquoi en serait-il autrement pour aider les adultes à progresser ?
Contrairement au commentaire de Jean-Philippe, je ne trouve pas que les portraits des « faux » ou « vrais » hauts potentiels aient été caricaturés. En effet, le degré de précision apporté par les auteurs à chaque portrait me fait croire sans hésitation à leur existence. Et mon expérience professionnelle (17 ans dans un grand groupe français) conforte cette intuition de réalité : pour chaque portrait, au fil de la lecture de l’ouvrage, je n’ai eu aucune difficulté à me souvenir d’exemples concrets vécus.
Sur un plan plus personnel, j’ai ressenti un certain malaise car j’ai eu tendance à me reconnaître dans les défauts de chacun ; et heureusement, Alice est apparue. En guise de consolation, je me dis qu’il s’agit là, plutôt qu’un manque de confiance en soi, d’un signe de modestie ; et que partant de là, le « pays des merveilles » s’ouvre à moi… Pour aller plus loin, et aussi parce que j’ai perdu la foi dans la grande entreprise, vous m’avez donné envie de lire « Oser la confiance » de B. Jarrosson, V. Lenhardt et B. Martin.
Enfin, je regrette que vous n’envisagiez « l’Entreprise vertueuse » qu’au conditionnel, je cite « La performance globale de l’entreprise devrait s’en trouver augmentée, l’efficacité collective prenant le pas sur les jeux politiques et l’entreprise se tournant vers l’extérieur, libérée qu’elle serait des faux problèmes que la vanité se plaît à inventer ». Elle n’existe donc pas ?
Rédigé par : Bernadette C | 30 décembre 2007 à 00:49
J'ai lu avec régal les hauts potentiels de Mireille Fesser et Arnaud Pellissier Tanon.
C'est un sujet assez peu commenté et qui est à mon sens facilement théorisable. Or, ce que j'ai apprécié dans ce livre, c'est que sous des apparences récréatives, il met en avant de nombreux concepts pris à partir de situation réelles, dont on a pu tirer les constats. Facilement abordable pour le lecteur que la théorie des grands auteurs dépasse parfois, il permet à la fois de se poser des questions, de rendre positive la lecture, de laisser des traces dans l'esprit du lecteur. Les réalités du monde qui nous entoure restent plus facilement à l'esprit que des théories sans lendemain dans nos esprits parfois assoiffés de culture, mais inopérants quand il s'agit de les mettre en pratique. On peut dire que l'approche est donc très originale, mais qu'elle est non moins efficace. Par son aspect pratico-pratique, cet ouvrage m'a personnellement permis de me poser des questions et me donne envie d'approfondir ma réflexion. Est ce que nous sommes tous des hauts potentiels en puissance, puisque tout n'est pas qu'une affaire de dipômes. Est ce que les hauts potentiels qui ont été identifiés dans mon entreprise ne sont pas leurrés par le jugement d'autrui ? Seront ils toujours des hauts potentiels à l'extérieur de notre entreprise ? Connaissons nous des exemples de hauts potentiels convaincus de l'être mais qui ont été en situation d'échec par ailleurs dès lors qu'ils ont changé d'environnement ? Bien d'autres questions.
Merci donc d'avoir éclairé une partie de ma lanterne...
Rédigé par : Barbier Séverine | 24 décembre 2007 à 12:44
J'ai lu avec intérêt "Les Hauts Potentiels". Voici un livre remarquable. D'abord par le style : fluide et droit, de manière à guider le lecteur vers l'essentiel, dans un style académique épuré. Les chapitres s'emboîtent sans heurt les uns à la suite des autres, et, de manière convenue, posent le problème avant de chercher à le résoudre. Il est toutefois dommage, pour un non-gradé universitaire tel que moi, qu'il faille attendre le chapitre 5, soit le milieu du livre, pour commencer à voir en poindre l'enjeu : briser la nuque à la fatale vanité pour atteindre la salvatrice humilité.
A mon goût, les meilleurs passages sont ceux qui critiquent, avec sérieux, l'esprit de caste et de bureaucratie dans lequel se prélassent les dirigeants d'entreprise, davantage héritiers d'un système qu'entrepreneurs d'opportunités ! Ces lignes qui mettent à mal les comportements inacceptables de celles et ceux qui sont censés répondre de leurs actes, alors qu'ils ne font que se planquer derrière leurs bienfaiteurs et écraser leurs pairs et subordonnés.
Mais, je reste sur ma faim, à cause précisément de la dimension manichéenne qui ressort des études de cas. Les portraits gagnants sont proches de la caricature, tout comme les portraits perdants. Je comprends évidemment que, pour les besoins rationnels de l'analyse, les auteurs ont dû en arriver à cette caricature. Une question également, qui touche la sphère de la caricature : quel est le pourcentage de Naoko dans le petit monde du management ?
J'admire par dessus l'enthousiasme, leur optimisme pour ne pas dire leur charité : ils ont foi en l'entreprise, et cherchent à y instiller un message à forte valeur ajoutée en humanité ! Il est impossible de remettre en cause la motivation qui porte cet ouvrage.
Pour ma part, je ne me reconnais absolument pas dans tous ces personnages sortis tout droit du mythe de la société anonyme. Sauf dans leurs défauts ! Notamment ceux de la sensible Alice au pays des crabes. Ou ceux des autres qui ne parviennent pas à devenir comme il faudrait être dans une multinationale. Pour moi, Naoko ou Lynn sont des extraterrestres : une harmonie personnelle qui passerait par une culture d'entreprise assumée n'a aucun sens. L'entreprise est un jouet institutionnel créé par les hommes pour satisfaire leurs volontés de puissance. Comme toutes les institutions humaines. Que serait l'histoire sans la tragédie liée et générée par ses institutions ? Un tissu de banalités quotidiennes que Thucydide n'aurait certainement pas pris la peine de narrer. En dépit de tous les belles histoires de la vie quotidienne contées depuis par l'immense Duby.
Plus prosaïquement. L'exposé comporte, me semble-t-il, un défaut : la notion de charisme n'est introduite qu'à la fin. Or, n'est-elle pas au contraire un préalable à la potentialité ? Puisque la potentialité exige l'honnêteté, l'humilité, voire la charité. Autant de vertus impossibles à acquérir, approfondir et vivre sans une force de caractère énorme au coeur d'une réserve de prédateurs prêts à troquer le masque de la tyrannie pour l'exercice réel de la tyrannie.
Rédigé par : Jean-Philippe D. | 08 novembre 2007 à 10:55
J'ai lu les "Hauts potentiels". C'est un régal. Les portraits surtout. J'y est retrouvé tous les chefs insupportables qui pourrissent ma vie de middle manager. Mais qu'est-ce qu'ils ont à se prendre pour des dieux ?
Heureusement, tout n'est pas glauque, bien au contraire : Juan progresse en modestie, Alice domine son émotivité et Naoko est la chef dont tout le monde voudrait, une merveille !
La thèse est décoiffante : plus on est modeste, plus on a de potentiel. Mais c'est évident : comment progresser sans accepter de se remettre en cause ? Merci aux deux auteurs de l'avoir si bien expliqué.
Deux bémols, pour conclure : dommage que Mireille, dans la vidéo, parle de tout sauf de son livre. Et Arnaud, le co-auteur, où se cache-t-il ? J'aimerais connaître sa tête !
Rédigé par : Martin Caillou | 06 novembre 2007 à 11:09