Thierry Lier est consultant et formateur en management. Il intervient dans de nombreux programmes de l'ESSEC
Management Education
Il interviewe Abdelatif Benazzi, ex-capitaine de l’équipe de France de rugby, diplômé du MS Sport de l'ESSEC Management Education, et auteur de l'ouvrage
"XV leçons pour coacher votre équipe", à la suite du match d’ouverture de la Coupe du Monde.
TL : Comment expliquer cette défaite de l’équipe de France?
AB : On peut tirer beaucoup d’enseignements de ce genre de match :
- l’équipe est sortie de son objectif : jouer un match de rugby contre un adversaire précis
- trop focalisée avec une pression inutile sur la réussite de l’événement, la peur de mal faire par rapport au nouvel engouement du rugby
- une méthode de motivation avant match trop émotionnelle et paralysante
- s’est retrouvée à devoir réussir avec une multitude d’objectifs qui a tétanisé les joueurs et les a privés de leur prise d’initiative
- il n’y a eu ni plan A ni plan B, on n’a pas su s’adapter pour bâtir une nouvelle stratégie.
TL : On peut tirer les mêmes enseignements dans le monde de l’entreprise : capitaliser sur ses propres forces, fixer des objectifs précis et pas trop nombreux, se focaliser sur l’essentiel, …
AB : … et anticiper le changement !
TL : Parlons de l’adversaire, l’Argentine…
AB : Il a utilisé nos propres faiblesses. Certes, il nous connaît bien : les joueurs jouent chez nous, ils connaissent notre culture. Dès qu’ils ont senti que nous manquions d’inspiration, ils nous ont fait douter. Ils ont joué sur nos erreurs.
TL : en entreprise aussi, on peut toujours trouver des failles, utiliser la force ou la faiblesse de l’adversaire : les maîtres des arts martiaux l’ont compris depuis longtemps.
AB : oui, à condition d’y croire ! C’est ce que les Argentins ont fait.
TL : Est-ce normal de faire sortir le capitaine et le vice-capitaine en même temps, alors qu’ils ne sont pas blessés ?
AB : On peut parler d’erreur de coachnig, même si leur comportement n’a pas été très bon, même si, à aucun moment, ils n’ont montré cette faculté de réagir. Cette décision ne pouvait qu’accentuer le doute du reste de l’équipe, créer une impression de discrédit des leaders, et donc de l’ensemble de l’équipe.
TL : C’est vrai que j’ai observé qu’une entreprise qui licencie sans humanité, y compris au top management, crée un sentiment de très forte insécurité aux niveaux en-dessous : « le prochain pourrait être moi… » Attention au syndrome du salarié jetable !
Et au niveau de la communication entre les joueurs, que dirais-tu Abdel ?
AB : Dans ce genre de rencontre, le contexte se suffit à lui-même comme source de motivation : il ne faut pas en rajouter. Surtout dans un groupe, les émotions diffèrent : certains sont motivés, d’autres affectés, ceux qui sont affectés peuvent contaminer les autres. Il faut garder une fraicheur d’esprit. Eviter l’artificiel.
TL : Dans le fond, ce que tu décris peut s’appliquer aux entreprises : mobiliser autour de vraies valeur, d’une véritable culture d’entreprise, et non autour concepts de communication artificiels ; capitaliser sur les individus motivés et bien dans leur peau pour en faire des relais de motivation dans l’entreprise ;
Merci Abdel pour ces bons conseils, et à très bientôt pour d’autres enseignements.
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J'ai trouvé ce livre original et le parallèle entre l'équipe et l'entreprise est tout à fait judicieux et vrai. Le livre audio devrait permettre au plus grand nombre de partager les leçons de ce grand capitaine.
Rédigé par : Marc Ducros | 23 septembre 2007 à 21:52
Merci Abdel et Thierry pour votre diagnostic du match France Argentine. Je switch to English !!
Openning World Cup matchs are like big company kick off events involving communication of changes in strategy,new alliances, new companywide initiatives. Mental and emotional preparation is more important than pure physical/organisational preparation. Leaders shine if they master both. Comparing the Stade de France atmosphere to the Stade Toulouse atmosphere in the crowd is also interesting. The real heart of French rugby is down in the South West fed by music, passion,colour and joy. This makes all the difference to a player under pressure and it was just as pleasurable to watch the team as it was to listen to the crowd. Hopefully for France this support will continue with other key matches. The parallel with business is clear: if you can induce passion, joy and camaraderie into your workforce than change mangement is easier to implement.
Rédigé par : Jeremy Webber | 19 septembre 2007 à 09:55